PBP Stories - 2019 |
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PBP 2019 du G8 du CC Guipavas Un nouveau cycle Dès le 20 aout 2015, j’entrais dans un nouveau cycle de 4 ans, la périodicité de l’équivalent de nos jeux olympiques pour tous les cyclotouristes. Je venais de finir mon troisième PBP en améliorant mon temps et en remplissant tous mes objectifs. On avait constitué un petit groupe avec trois amis du club de Guipavas : Marco, Bertrand et Maxime. Dans la voiture qui nous ramenait à la maison, on élaborait déjà nos stratégies pour la prochaine édition de 2019. Avec Bertrand et Maxime, on se projetait sur la prochaine aventure et on se voyait constituer une belle équipe tous les trois. On savait déjà sur quels points on pouvait s’améliorer. Mais c’est long et court à la fois quatre années. Durant cette période, il peut s’en passer des choses sur le plan personnel, professionnel et aussi sur le plan physique. A l’image de mon cursus de vie, il y eu donc beaucoup de changements. J’ai quitté la région de Guipavas et aussi le club cyclo de Guipavas au printemps 2016 pour rejoindre le golf du Morbihan où je suis devenu Mr Vélo sur l’ile d’Arz. Ce ne fût pas ma meilleure idée d’aller m’installer sur l’ile des ours et même si j’ai essayé d’apporter toute mon expérience et mes connaissances de cyclotouriste aux visiteurs de l’ile, le contact avec les populations autochtones ne fut pas des plus agréables. Et puis on a vite fait le tour d’une ile. C’était un territoire trop restreint pour un cyclotouriste au long cours comme moi. Un petit séjour de resourcement aux racines loudéacienne me fit le plus grand bien. Etre vendeurs de sapins de noël me permit de me retourner et d’envisager mon retour au pays Brestois. Au printemps 2017, je revenais au bourg de Guipavas. J’étais enchanté de revenir auprès de mes amis du cyclo club de Guipavas. Dès que ma situation professionnelle s’est stabilisée, j’ai investi dans un nouveau vélo. Mon vélo de voyage marinonni m’a trimballé par monts et par vaux mais il est temps pour moi de gouter aux joies du carbone. Je passe d’un vélo en acier de 14 kilos à un carbone canyon endurace de 7,5 kilo. Cela change ma vie et je passe rapidement du groupe 2 au club au groupe 1. La Pierre Le Bigaut 2018 me confirme que c’est plus facile de rouler avec un carbone monté en ultégra 8000 que mon cadre acier avec des changements de vitesses à l’ancienne. La préparation des brevets Pour la 19ieme édition du Paris Brest Paris, on savait tous qu’il nous fallait compléter une série de brevets l’année précédente. Je lei avais fais avec ma randonneuse Marinonni et ce fût difficile. Ma condition physique n’était pas optimale et ma surcharge pondérale m’ont fait souffrir. Sur le 300 et le 400 de l’année 2018, heureusement que mes amis Bertrand et Marco m’aient ramené dans leurs roues. On n’a même pas fait le brevet de 600 pensant que cela suffirait pour nous inscrire confortablement l’année suivante. L’avenir nous dira que ce n’est pas si simple que cela. Pour la période hivernale, il n’y aura pas de coupure habituelle dans ma saison de cyclotouriste. Je roule tous les dimanches au club malgré les conditions humides que nous avons eu l’hiver dernier. La saison des brevets arrive enfin. Notre ami Christian est le représentant Audax dans le nord Finistère et notre club de Guipavas organise à la fois le BRM 200 et le BRM 400. Pour le 300, ce sera Milizac et le 600 se fera sous l’égide du club cyclo brestois. Ce sont toujours les mêmes parcours, on commence à bien les connaitre. L’objectif de ces brevets n’est pas de faire une performance mais bel et bien de les valider. C’est un très bon entrainement pour le Paris Brest Paris que nous envisageons de faire. Une bonne préparation signifie qu’il faut être au pic de notre forme la troisième semaine d’août, celle du PBP. La période entre la fin du dernier brevet qualificatif et le départ du Paris Brest est très longue. Il faut maintenir la forme en roulant régulièrement et en s’organisant deux ou trois longues sorties de 300 kilomètres environ. Quelques jours avant la série de brevet, une mauvaise chute dans un rond point glissant nous prive de Marco. Il s’est sérieusement blessé au bassin et son abandon pour le prochain PBP est acté. C’est dommage pour lui et aussi pour tous les membres du club. Il ne pourra pas faire bénéficier aux néophytes de toute son expérience de la longue distance et de sa gestion des allures. Ce sera à moi de prendre ce rôle de régulateur d’allure sur les brevets. Le club de Guipavas se spécialise un peu dans la longue distance avec quelques membres passionnés qui ne manquent pas d’encourager les nouveaux membres de notre club à les suivre dans ces aventures aux longs courts. Je suis donc devenu capitaine de route sur tous les brevets. Je laisse partir les très rapides et je régule l’allure pour que chacun puisse rentrer dans les délais, à la bonne allure et dans de bonnes conditions physiques. On a eu de la chance cette année. Les conditions météorologiques ont été très bonnes avec très peu de pluie sur le 200 , un peu de vent sur le 300, une nuit froide mais claire et peu venteuse sur le 400 et enfin un 600 très chaud en première partie et plus frais et humide sur la fin de ce dernier challenge. On a même scindé en deux notre BRM 600 en prenant une chambre dans un hôtel de Malestroit pour plus de confort. Sur tous ces brevets, j’ai essayé de transmettre à mes collègues et à ceux qui se greffaient à notre peloton toute mon expérience de la longue distance. Je viens de l’école de Jo Le Bastard de Trévé et de Gilles Blanchard de Loudéac. On part doucement, on ne se brûle pas dans les bosses et notre allure est régulière, on vise le 25 km/h de moyenne. On n’oublie pas de s’alimenter et on ne perd pas trop de temps aux arrêts. Tout le monde est ravi de l’ expérience des brevets et chacun valide ses précieux sésames indispensables pour son inscription à la randonnées mythique qu’est le PBP. L’inscription Le système d’inscription cette année est plus complexe avec des périodes de pré inscriptions en hiver pour ceux qui ont validés leurs brevets l’année précédente. L’engouement mondial pour cette 19ieme édition est extraordinaire. A la pré inscription, ils nous demandent déjà dans quelle tranche horaire de départ on souhaite se placer. Avec un BRM 400 en poche de 2018, je n’ai déjà plus le choix pour un départ dans les premières vagues du 90 heures. On est déjà relégué dans les départs de 20h et plus. Cela va être compliqué pour Maxime, Steven et Gwenola qui n’ont pas anticipé ces nouveaux critères d’admission car ils n’ont pas validé de brevets de l’an dernier. Les places s’envolent comme des mouches. Le nombre de brevets de randonneurs mondiaux dans le monde entier explose littéralement. Cela complique les inscriptions collectives sur les mêmes créneaux et cela signifie probablement la fin des pelotons d’équipes et les aventures collectives sur le PBP. On se préinscrit quand même en espérant pouvoir modifier un peu notre situation à la validation définitive de mi juin. Ce fût très compliqué et on a déployé chacun de nombreux efforts pour faire évoluer la situation en notre faveur. On doit bien l’avouer, on a un peu fait le forcing auprès des responsables de l’audax pour faire bouger les choses dans notre sens. On n’a pas subit la situation et on a mis tout le poids de notre club, toute notre expérience et notre détermination dans la balance pour pouvoir inscrire tout le monde dans le même créneau. Les responsables audax ont répondu favorablement à nos demandes et quelques jours plus tard, ils annonçaient que suite au désistement de plus de 1500 pré inscrits, on pouvait rapidement et ouvertement modifier nos horaires de départ. C’est à ce moment là que l’équipe de Guipavas s’est constituée et on a prévenu tout le monde de cette opportunité. Certains ont décidé de rester sur leurs horaires initiaux mais pour huit d’entre nous, le départ se fera sur l’horaire de moins de 80 heures dans la vague de 17 heures. Notre groupe sera le suivant : Bertrand avec qui j’ai fais le dernier PBP. Maxime son fils qui lui aussi était présent en 2015, travaillant sur paris, il n’a plus de licences chez nous, il amène avec lui un collègue de travail que l’on ne connait pas Guillaume. Feront aussi partie de l’équipe Bruno, Gwenola, Sezny et Steven. Tous les quatre sont des membres assidus du club depuis peu de temps. Ce sera donc leur premier PBP. Et naturellement, je serais leur capitaine de route avec l’expérience de mes trois précédentes éditions. La logistique Nous retrouverons nos deux jeunes parisiens le samedi à Rambouillet pour le contrôle des vélos et c’est donc à 6 que nous monterons vers la capitale. Sezny a été très efficace au niveau des réservations des chambres d’hôtel, Bertrand et Steven nous conduisent dans leur voiture. On mettra les vélos sur des portes-vélo. On a également prévu l’approvisionnement en nourriture pour la préparation avant l’épreuve. J’essaye d’anticiper nos besoins et les derniers jours avant le départ ont été des périodes où j’essayais de penser à nos besoins. On a eu raison de réserver un restaurant italien à Rambouillet pour le samedi soir. Le hasard fera que ce sera le même que celui de l’an dernier. On commence à prendre nos marques. Les chambres d’Hotels sont spacieuses et confortables et on dispose d’une kitchenette pour préparer le repas du dimanche midi. Le voyage vers Paris le samedi matin et le contrôle des vélos se fait sous un temps exécrable et dans les bouchons. On espère tous que la situation va s’améliorer. Notre inquiétude porte sur les conditions météorologiques que l’on va avoir dans les premières heures de la randonnées. La prévision pour les prochains jours est bonne mais il faut que cette dernière dépression s’éloigne rapidement de notre chemin. On a essayé d’anticiper les mauvaises conditions météorologiques en faisant déposer chez mon ami Olivier à Loudéac un grand sac de sport avec des vêtements de rechanges pour chacun d’entre nous au cas où l’on arrive tremper au tiers du parcours. On pourra l’utiliser à l’aller ou au retour. On devait remettre les chambres pour 11 heures le matin mais on a préféré payer un petit supplément pour pouvoir rester jusqu’à 14h. On est bien mieux à l’abri au sec dans notre hôtel plutôt que de rester dehors sous la pluie sur le site de départ de la bergerie Nationale. Notre départ est à 17h et nous nous présentons sur place vers 15h. Ce nouveau site de départ à l’avantage de disposer de beaucoup de places pour se garer. Il est temps pour tout à chacun de préparer son vélo, ses équipements et sa tenue. Je fais bien attention à ce que chacun mette la bonne pression dans ses pneus et que la chaine soit bien huilée. On sent une légère tension et la légitime appréhension envahir chaque membre de l’équipe mais nous avons hâte de rentrer dans notre aventure. Je n’ai personnellement pas été très bon sur un point. J’ai oublié de remplir mes deux bidons d’eau à l’hôtel. Il faut donc que je trouve un point d’eau avant de présenter dans le sas de départ. L’organisation des sas de départ est beaucoup moins efficace que les années précédentes. Ce n’est pourtant pas la place qu’il manque mais toute les lettres de dossards se mélangent. Ce n’est pourtant pas difficile de classer les vélos suivant leur lettre de plaque. Plus de 6600 cyclos un peu fébriles à l’idée d’embarquer dans une des aventures sportives les plus importantes de leur vie, ne se contrôle pas d’un coup de baguette magique. Une fois mes bidons pleins, je rejoins mon groupe. On a eu le temps de saluer tous les copains de route du Finistère que nous avons la chance de croiser. Il y en a beaucoup dans notre groupe E de départ, dont Fred Le Floch, un bon ami brestois qui milite fortement pour la cause du vélo au quotidien dans la cité du Ponant. Notre rencontre fût perturbée par un malencontreux évènement. En voulant changer la position de sa plaque de cadre, sous l’injonction d’une bénévole, il se coupe profondément la paume de la main avec une lame tranchante. Il ne va pas aborder son Paris Brest sous les meilleures hospices. On lui souhaite bonne chance. Je ne vous l’ai pas encore dit mais mon numéro de dossard est E104. C’est un colorant alimentaire, du jaune de quinoléine qui est un composé organique hétérocyclique. Je n’avais aucun doute de mon hétérocyclicité, et en plus il doit être jaune et vert comme les couleurs de notre maillot avec son beau triskell. Le triskell de Guipavas, spéciale dédicace et merci pour le soutien !!! Je place tout mon groupe en fin de vague, on a pas besoin d’être en tête de peloton pour les premiers kilomètres. Par expérience, je sais que cela part toujours trop vite et nous n’avons pour l’instant parcouru aucun kilomètre d’échauffement. En remontant vers la ligne de départ, on a la chance de croiser mes amis Josette et Christian qui sont présents sur tous mes paris Brest paris. Je suis enchanté de les croiser et ils ont le temps de nous prendre en photo. On va être au cœur des pensées de Josette pendant trois jours et elle va suivre scrupuleusement notre progression, j’en suis sûr. En plus, elle fait maintenant partie de l’équipe des bénévoles sur le site de départ et d’arrivée. Avant de prendre le départ, il est important de revenir sur les objectifs que l’on s’est fixé. On part à huit et on sait d’ores et déjà que l’on ne finira pas les huit ensemble. La différence de puissance entre nous est trop importante. Il y en a qui sont sur leur premier PBP et d’autres qui veulent améliorer leurs temps. Dans une épreuve comme le PBP, le plus important est de le finir et si évidement dans la meilleure conditions physique et mentale possible. On est inscrit dans le créneau de moins de 80 heures et pour certains d’entre nous, la marche est peut-être un peu trop haute. Au repas du samedi soir, on a convenu que l’on se donne comme objectif principal que le G8 soit ensemble au pointage de Brest. On verra pour le retour mais j’espère intérieurement que notre cohésion de groupe tienne au moins jusqu’à Villaines-La-Juhel au retour. C’est le temps de repos que certains prendront et d’autres non qui fera la différence. Je veux que l’on finisse cette aventure dans le meilleur état de fraicheur possible. On n’est pas là pour souffrir mais pour profiter pleinement de notre Paris-Brest-Paris. Le départ Il est 17h01 et notre départ est donné. je retiens tout mon monde en fin de vague et je rappelle à tout le monde que l’on doit respecter notre période d’échauffement. Cette année, le départ de Rambouillet nous conduit directement en forêt. On s’évite ainsi toute l’urbanisation et c’est bien plus agréable que les années précédentes. On a tout de suite convenu que l’on formait une seule ligne. Chacun est bien aligné dans la roue de son collègue. Le cycliste en tête travaille de une à cinq minutes devant et redescend par la gauche se placer derrière le dernier d’entre nous. Nous organisons des relais descendants. Cela évite de créer de l’emballement dans notre vitesse de progression comme c’est le cas lors des relais ascendants. On ne laisse personne s’insérer dans notre groupe, je ne veux pas avoir un gars de chez moi à une centaine de mètres derrière. Il faut que je puisse voir et communiquer avec chacun d’entre nous rapidement. Le moindre pepin mécanique ou physique doit être connu le plus rapidement possible pour une bonne cohésion du train guipavasien. Je préviens les autres de nous laisser travailler devant. Ils peuvent rester dans nos roues mais ils ne doivent pas perturber notre groupe. Je suis vigilant à l’organisation de notre groupe et il ne se passe pas trente secondes sans que je ne livre une consigne au groupe. Je régule l’allure, j’aligne mes troupes, je fais le ménage autour de nous, j’impose notre rythme et notre organisation. Je suis confiant dans notre équipe, j’ai de grosses locomotives à ma disposition. Bertrand et Maxime sont déjà très forts et surmotivés. Steven est un athlète aux capacités physiques surdimensionnées. Bruno et Sezny, deux forces tranquilles, seront toujours présents au fil du parcours. Je ne connais pas du tout Guillaume mais il a l’air de répondre présent dès les premiers coups de pédales. Je suis très vigilant vis-à-vis de notre précieux maillot rose. C’est un maillot que je veux ramener au bout de l’aventure et je sais depuis longtemps que je ne la lâcherais pas dans la pampa. C’est mon petit chantier comme j’aime à le décrire. Gwenola, qui porte ce maillot s’est embarqué avec nous dans cette belle aventure et je ferais tout pour que cela se passe bien pour elle. Le vent est bien présent en ce début de parcours et les plaines de la Beauce ne nous offrent pas beaucoup d’abri. Je l’estime à plus d’une quarantaine de km/h de trois quart face ou de face. On a raison de partir tranquillement et de se relayer intelligemment. On va l’avoir dans la face tant qu’on ne rentrera pas dans les coteaux du perche après Neuilly sur Eure. Cela fait trois heures que l’on roule. On est à plus de 29 km/h de moyenne quand dans un virage à droite au hameau de La Masure, j’aperçois Sezny qui s’arrête. Il faut stopper notre train en sécurité. On reste entre nous, tous ceux qui nous suivaient continuent sauf Ronan, un cycliste de Daoulas que nous connaissons bien et qui à l’intuition de ne pas lâcher notre train. J’arrive au niveau de Sezny. Il a deux rayons de sa roue arrière de cassés. Une rapide analyse de la situation me dit que nous avons de la chance dans cet incident. Les rayons cassés sont du coté gauche et non du coté de la cassette. On n’aura pas besoin de l’enlever, cela tombe bien je n’ai pas les outils. Il a une roue à frein à disque, l’alignement de la jante est moins cruciale. Et surtout, les rayons ont cassé au niveau des écrous de rayons, en haut du filetage. C’est sûr que ses écrous de rayons ne sont plus utilisables, mais devinez qui trimballe dans sa sacoche un petit sachet avec 5 écrous de rayons neufs ? Et j’ai même deux clefs à rayons avec moi parce que je le vaux bien. On démonte vite fait la roue, on enlève le pneu, la chambre et le fond de jante et rapidement je relace les rayons manquants. Bertrand en voulant m’aider pour ne pas perdre trop de temps me prouve qu’il n’y connait pas grand-chose en rayonnage de roue. En moins de 15 minutes on est à nouveau sur la route. Le moral de Sezny en à pris un coup dans l’affaire et il parle déjà de nous laisser partir. C’est hors de question pour nous et on réussit rapidement à le remobiliser. C’est juste un aléa mécanique, cela peut arriver à tout le monde et on a eu beaucoup de chance de pouvoir réparer rapidement. Pendant notre arrêt technique, notre ami Fred de Brest nous dépasse. Je suis heureux de le savoir sur le chemin, il a pu gérer la péripétie de l’entaille de sa paume de main. Il nous reste une trentaine de kilomètres avant d’atteindre le point de ravitaillement de Mortagne-au-Perche. On quitte déjà les plaines de la Beauce et on aborde les coteaux du Perche. On sera plus à l’abri du vent dans les forêts que nous traverserons. Il fait encore jour quand on arrive à Mortagne. On s’accorde très peu de temps de repos. On remplit les bidons et surtout on se couvre pour rentrer dans la nuit. On s’était préparé des sandwichs dans nos poches arrières pour prendre le temps de se restaurer sans passer par les restaurants du point de contrôle. On a tous aussi deux sacs d’encas, un salé et un de fruits secs, que l’on picore pendant qu’on roule. Il est important de fournir de l’énergie à son corps si on veut aller loin dans cette épreuve. La première nuit Pour l’instant cela se passe bien et une autre dossier majeur se présente face à nous : notre première nuit sur la route. Le vent se calme avec la tombée du jour. On garde la même organisation, je donne constamment des consignes au groupe. On n’entend que moi. Je suis vigilant aux bosses que nous abordons. Je ne veux pas qu’on les passe en force. Je veux entendre le chant des dérailleurs et je ne veux pas voir un cul se lever pour se mettre en danseuse. Je sais que pour certain, comme Max, c’est une consigne difficile à tenir mais il fait l’effort de ne pas casser notre peloton. En passant les bosses doucement, on préserve l’unité du groupe et on évite à ceux qui montent moins bien d’être en surrégime et de galérer pour revenir dans les roues. Je me retourne peu pour savoir si beaucoup de randonneurs nous suivent, je ne veux pas faire d’écarts trop dangereux mais je sens que notre train express pour Brest à de nombreux sympathisants. Je continue à faire mon chef de troupe et à être vigilant sur les positions de chacun. Je veux que tout le monde se mette bien à l’abri dans les roues de son prédécesseur. J’interdis à tous le monde de remonter plus haut que la roue arrière du gars qu’il suit. On évite les chutes en cas d’écarts. Plus cela va aller et plus la fatigue et la vigilance de chacun peut occasionner une chute. Je ne me suis pas fait que des amis avec certains cyclos qui ne respectent pas mes consignes mais cela ne me gène pas de montrer les dents et d’éjecter les personnes que je trouve dangereuse pour notre groupe. Il y en a deux ou trois, des Français, qui n’ont pas apprécié la façon dont je leur ai dit de dégager de notre bulle. Au sein de notre groupe par contre, l’ambiance est calme et sereine. Chacun fait son travail et respecte les consignes. On est uni dans notre progression. Notre G8 se transforme en G9, Ronan de Daoulas est complètement intégré au collectif et on le laisse faire sa part d’effort. Il a bien senti qu’en s’arrêtant avec nous lors de l’ennui mécanique, il a fait le bon choix. Les cotes s’enchainent entre le Perche de Mortagne et les alpes Mancelles de Villaines-la-Juhel. Dans l’une d’elle, un gros fracas retentit. Trois d’entre nous se retrouvent à terre. Gwenola, Maxime et je crois Ronan sont impliqués dans la chute. On n’était pas à haute vitesse mais Maxime reçoit une roue dans les cotes. Et Gwenola s’égratigne la jambe et les doigts. Les dommages physiques ne sont pas très importants. Mécaniquement, la chappe de dérailleur de Gwenola est un peu tordue, j’arrive à la redresser tranquillement. Elle va avoir quelques difficultés à passer ses vitesses maintenant mais il n’y a rien de dramatique. Cela ne nous empêche d’avancer. C’est un bel avertissement pour tous sur la vigilance que chacun doit avoir, surtout quand on roule la nuit. On est un gros peloton donc on multiplie par autant que nous sommes les risques d’incidents. On profite du travail de chacun mais c’est au prix du risque multiplié de contre-temps. On est à notre deuxième évènements en deux étapes, j’espère que l’on n’en rencontrera pas systématiquement d’autres sur les autres portions du parcours. Nous somme encore dans la nuit quand nous arrivons à Villaines-la-Juhel. C’est le premier pointage que nous effectuons. Cinq minutes avant d’arriver, je rappelle à chacun qu’il est temps de réfléchir à ce qu’il doit faire pour être efficace dans notre arrêt. Le passage à la table de pointage est le plus important, le remplissage des bidons est primordial aussi. Je demande à chacun de finir ses bidons avant d’arriver. Il faut toujours s’hydrater, c’est une des clefs du succès d’un PBP. On doit penser à l’équipement que l’on veut se mettre, le froid sera plus mordant avant la levée du jour et on pense à sa bobologie et à ses besoins naturels. Je suis peut être le capitaine de route, mais Bertrand est notre patron et il coupe au maximum les pertes de temps inutiles. On se donne 15 minutes de pause au pointage. On a même le temps de se prendre un café et une viennoiserie à la cafeteria. Gwenola en profite pour aller nettoyer ses éraflures au poste de secours. Ils doivent être contents les soigneurs d’avoir enfin quelqu’un à traiter. On est dans les premiers à arriver, le gros du peloton est derrière nous. On déborde un peu pour le top départ. C’est le premier arrêt et tous n’ont pas encore pris la mesure de la discipline de groupe à respecter. Cela va se régler par la suite. La prochaine étape nous amène aux portes de la Bretagne, à Fougères. Je sais que c’est une partie difficile puisqu’on va rouler jusqu’au lever du jour et même si le dénivelé n’est pas extraordinaire, cela reste bien vallonné. Les quelques heures avant le lever du jour sont froides et notre organisme réclame un peu de repos, la fatigue se fait sentir. Cela ira mieux quand nous retrouverons la clarté du jour. On reste bien uni et coordonnés dans nos efforts. Je ne manque pas de vigilance pour réguler l’allure que ce soit dans le bosse ou sur le plat. Je fais attention à ce que personne ne laisse de trou dans notre alignement et je replace derrière nous les intrus qui voudraient s’immiscer entre nous. Mes fusées (Max, Bertrand, Steven, Bruno et guillaume) sont en forme et ils apportent beaucoup de travail devant. Ronan est solide aussi et je suis content du travail de Sezny et Gwenola, mais je ne veux pas qu’ils se brûlent trop vite. Je préfère les préserver. Le chemin est encore long. On est dans les temps de passage que je m’imaginais. C’est entre chien et loup que nous rentrons dans Fougères, il est 5H18 quand on se fait détecter sur le tapis électronique. On va manger au restaurant. Certains pensent que c’est une perte de temps mais je sais qu’un sac vide ne tient pas debout. On a déjà parcourus 306 kilomètres en 12H45. On est dans le tableau de marche. Notre vitesse de déplacement est de plus de 27 km/h. Un autre jour commence C’est une autre journée qui commence et qui nous amènera à travers toute la Bretagne jusqu’à Brest. Je connais le chemin par cœur, il n’y aura pas de surprises pour nous. La sensation de somnolence s’est estompé. Notre cerveau est bien réveillé avec la lumière du jour. Le vent est moins fort qu’au départ et le soleil nous réchauffe vite. Il y a une cinquantaine de bornes pour atteindre le prochain pointage de Tinténiac. C’est bon pour le moral de chacun. On parcours cette portion en 2h00 à 28 de moyenne. La vitesse du groupe et l’organisation est parfaite. Tout le monde est bien coordonné. Nous ne nous faisons pas beaucoup doublé, par contre on rattrape pas mal de monde. Il faut être prudent dans nos dépassements en prévenant bien ceux qu’on double de bien rester dans leur ligne sans faire d’écarts. Ce sont des moments cruciaux, il faut éviter les collisions et les chutes. Quelques kilomètres avant chaque point de contrôle, je vais échanger avec Bertrand pour déterminer le temps d’arrêt que l’on s’octroie. La stratégie de Bertrand est de privilégier les arrêts courts réduire au maximum les pertes de temps. Moi je veux que chacun puisse récupérer suffisamment pour continuer sur le même rythme la suite du parcours. On négocie âprement tous les deux. Quand on pose les vélos sur les supports, on prévient tout le monde bien distinctement du délais que l’on s’impartie. A chacun de vaquer à ses occupations le plus efficacement possible. On s’organisant bien dans son process, on évite les pertes de temps et d’énergie. On pense à son pointage, on pense à ses bidons, on pense à ses besoins naturelles et on pense à sa bobologie et à ses équipements. Quand on dit d’être prêt en 10 ou 15 minutes, cela veut dire qu’au bout du temps impartis, on est sur le vélo, prêt à appuyer sur les pédales. « Le plaisir entre les jambes », ou « à cheval » comme j’aime à le dire. Tinténiac est notre quatrième point d’arrêt et tout le monde n’est pas encore bien réglé. On attend toujours deux ou trois minutes supplémentaires que tout le monde soit bien prêt à partir. Je sens que cela irrite certains d’entre nous, la pression monte doucement. Ca y est on démarre, et c’est le moment que choisit Gwenola pour sortir une collation de sa sacoche avant. Je l’attend bien sur. J’ai toujours un œil sur elle. Mais mes gars sont déjà en route. Le temps de sortir du collège de Tinténiac et de rejoindre la route, Gwenola et moi avons déjà 200 mètres de retard sur le reste du groupe. Et l’écart entre nous ne fais qu’augmenter. Je dis à Gwenola de ne pas forcer. Il est hors de question que l’on parte en chasse patates derrière les gars au risque de se brûler. Je connais bien cette portion de route. Je sais que cela grimpe pendant 10 kilomètres jusqu’à l’antenne de Becherel. Tous les deux, on voit nos collègues s’éloigner de plus en plus jusqu’à ne plus les apercevoir au loin. Ils ne m’entendent plus toutes les trente secondes comme depuis le départ de notre aventure. Je me dis qu’ils doivent enfin avoir la paix. Je ne sais pas comment ils se sont organisés mais ils n’ont pas dû passer beaucoup de relais depuis leur remise en route. Enfin ! Ils se rendent compte qu’il manque deux éléments dans le groupe et ils s’arrêtent au bord de la route. On est au pied de Becherel. On arrive tous les deux à leur hauteurs et je leur exprime ma frustration. Le doigt levé et le regard noir, je les interpelle : »je ne suis pas content les gars !!!» Bertrand me répond sur le même ton qu’ils n’ont rien vu et c’est justement ce que je leur reproche à chacun d’entre eux. « on enlève les œillères et on fait attention aux autres ». Les kilomètres suivants sont un peu tendu au niveau ambiance de groupe. Mais comme on est en présence de personnes intelligentes, cela revient vite à la normale. Cela reste une péripétie de groupe. Tout le monde est un petit peu dans ses petits souliers, Gwenola peut-être un peu plus que les autres. On attaque les affaires sérieuses Allez il faut beau !! On avance bien et on va enfin attaquer le gros morceau du Paris Brest Paris. Les affaires sérieuses commencent à La Trinité-Porhoet. La première d’une longue série de bosses nous amène au bourg de Plumieux. Je préviens bien mon monde des longueurs d’ascensions dans chaque cote. La symphonie des dérailleurs reprend son rythme. En arrivant à Plumieux, on a la surprise de voir venir à notre rencontre Marco et Jean-Claude. Ils veulent rouler avec nous et partager un peu notre aventure. La chute de Marco au printemps dernier lui prive de son troisième PBP et je ne me vois pas lui refuser de nous accompagner. Les routes sont ouvertes à tous au Paris Brest et ce n’est pas une course mais bien une randonnée. Ils ne sont pas la pour nous faciliter la tâche mais leur présence fait un bien fou au moral des troupes. Je suis dans mon pays de Loudéac maintenant. Attention les gars, cela descend vers La Chèze et après on a une longue ascension régulière vers St Barnabé. Ensuite il y a deux ou trois petits taquets et on sera arrivé au contrôle de Loudéac. Sur mon tableau de marche, j’avais annoncé une arrivée au collège de Saint-Jo à midi et c’est avec 10 minutes d’avances que nous entrons dans la cours de l’établissement. J’avais promis à mes collègues que l’on coupait le social à Loudéac et qu’il n’y aurait pas d’arrêt buvette, galette-saucisse. Donc merci à toute la famille et les amis de ne pas être venus me voir. Cela m’a facilité la tâche. Merci aussi à ceux qui sont venus, cela m’a réchauffé le cœur également. Les bénévoles de l’amicale cyclo sont au taquet et ils font un boulot extraordinaire sous la présidence de Yannick Blanchard. Bravo les gars vous faites un merveilleux travail pour tous les randonneurs mondiaux. On vous en remercie !! On n’oublie pas de s’alimenter au self du lycée en faisant attention de manger des aliments qui se digèrent bien. Je commence pour ma part, le régime Marco avec ma première bière de l’épreuve. On prendra cinquante minute d’arrêt au point de contrôle de Loudéac. Je sais que l’on rentre maintenant dans le dur du parcours. Il n’y a plus rien de plat sur les 45 prochains kilomètres jusqu’à St Nicolas-du-Pelem qui est un point de ravitaillement. Notre vitesse de croisière va naturellement baisser mais j’ai mes points de repères dans les bosses et je ne manque pas de le signaler pour motiver mes troupes. J’ai une équipe de grimpeur avec moi mais je veux préserver mon maillot rose jusqu’au bout et je sais que pour elle, cela va se corser un petit peu. Je la préserve et je grimpe à ses cotés. En haut de Merléac, les gars nous ont attendu quelques minutes à la sortie du bourg. La bosse de Merléac est une des côtes les plus difficiles du parcours. Il y en a qui s’en souviennent encore et d’autres que n’ont pas eu la chance de la finir. Grosses pensées pour eux !!! Allez on ne se désunit pas, on reforme le groupe et on régule l’allure pour que tout le monde soit à l’aise. Il y aura un point de ravitaillement à Saint-Nicolas-du-Pélem, est-ce que cela vaut le coup que l’on s’y arrête. On n’aura pas le choix, le contrôle secret se tient là. L’arrêt est donc obligatoire. On ne traine pas mais le comité d’organisation local nous offre des parts de gâteau. C’est toujours bon à prendre. On a toujours faim dans ces moments là. La seconde partie de cette étape est plus facile. Elle nous amène par des petites routes jusqu’à Carhaix. La encore, on connait le chemin par cœur et ce sera ainsi jusqu’à Brest. Notre groupe est bien unis, le travail se fait, je ne sens pas de défaillance dans l’équipe même si certains commencent peut-être à accuser le coup. On a de moins en moins de randonneurs à nous suivre. En tout cas je n’ai pas le temps et l’envie de m’en occuper. De temps en temps, on reconnait des copains du clubs voisins avec qui on a fait les brevets auprès de nous. Depuis le départ, on a vu des gars de Gouesnou, des Kerhorres, des Renannais, de Plouédern etc. …. C’est sympa aussi de progresser avec eux. C’est sous le brumisateur breton que l’on rentre au lycée Paul Sérusier de Carhaix. Il est 16H05 et on est dans le tableau de marche que je m’étais fixé. Les cinq minutes de retard correspondent au pointage secret précédent même si je sais très bien que nous en avons un à l’aller et au retour, je ne l’avais bêtement pas intégré à mes prévisions. Ce sera régime Marco au pointage de Carhaix. Un casse-croute et une bière cela suffira pour cet arrêt. On veut arriver à Brest avant la nuit pour profiter pleinement de notre arrivée dans notre pays. Carhaix Brest, on pourrait le faire les yeux fermés tellement on a pratiqué cette route. On connait toutes les bosses, on a des points de repères partout. Personnellement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé avec mon vélo dans la cité du Poher mais j’ai un petit bruit irritant sur ma roue avant. Comme si elle était voilé. Il y a aussi une autre chose qui se passe au niveau de mon GPS qui ne capte plus les satellites et je mettrais quelques kilomètres à m’en rendre compte et régler le problème. Au niveau de la rivière d’Argent, perturbé par ce petit bruit lancinant, je manque de vigilance et touche le hauban arrière de Sezny. Je m’extirpe rapidement par la droite pour ne pas le faire tomber et finis en cascade roulé bourré dans le fossé. Une réception digne de Teddy Riner sur un tatami, me revoila solide et sur mes pattes arrières. J’ai eu de la chance, seul mon bouchon d’embout de guidon gauche à sauter. Je le remettrais plus tard. On ne perd pas de temps et on continue l’ascension vers Huelgoat. Après ma chute, je ne sais, par quel miracle, mon bruit de roue avant cesse. Voila un autre problème de régler. C’était peut-être une feuille ou un corps étranger qui s’était coincé quelque part dans ma roue avant. Allez, on va grimper jusqu’à l’antenne du Roch Tredudon. On reste uni et solidaire surtout que le vent se lève un peu, il risque de nous être contraire sur le plateau final de l’ascension. Après cela, il nous restera le Queff, Sizun et l’arrivée par Dirinon et Loperhet pour atteindre d’abord le pont Albert Louppe et enfin voir la mer à Brest. L’arrivée à Brest : un bon coup au moral Cela commence à être difficile pour notre maillot rose. Elle est dans la souffrance et le mental commence à manquer. C’est bien normal, on a tous plus de 550 bornes dans les jambes et on va rentrer en moins de 28 heures à la moitié du parcours à Brest. C’est déjà une très belle performance. Gwenola a de mauvaises pensées et elle puise dans ses dernières ressources. Elle commence à penser à s’arrêter définitivement à la maison. Les émotions prennent le déçu et je vois même une petite larme perlée. Je l’encourage tranquillement sans lui mettre de pression et la félicite déjà pour tout les efforts effectués. On atteint bientôt le premier objectif qui était d’arriver le G8 ensemble jusqu’au pointage de Kerichen. L’arrivée à Sizun va faire du bien. Des amis de Gwenola se joignent à nous pour nous accompagner. Les doses de Moraline et de Motivex font leurs effets. Et cela ne va que s’accentuer en passant par le Queff où l’accueil des amis du Nord Finistère est digne des plus grandes étapes du Tour de France. Certains d’entre nous ont la chance d’être encouragé par des amis, de la famille ou des collègues de travail. Cela désunis un peu le groupe mais je laisse à chacun le temps de profiter de ces instants privilégiés. Et justement, je perds de vue Sezny. Est-il resté avec des connaissances, s’est-il arrêté ? On avait dit que l’on socialisait qu’à l’arrivée pour éviter les pertes de temps cumulées. Et non il m’a fait un coup de fringale, et comme il ne m’a rien dit (ce n’est pas une grande gueule) il a pris quelques centaines de mètres sur notre groupe désunis. Une chance pour lui que dans la montée de la rue de Quimper le Kop Kerebel réserve à ses favoris Bertrand et Maxime un accueil digne des supporteurs de Liverpool. Pétard, feux d’artifices et klaxons nous disent que l’on ne roulera plus jamais seul. « You’ll never ride alone ». on regroupe les effectifs pour les derniers kilomètres de ce parcours aller. L’arrivée au pointage de Brest sous le soleil est un vrai plaisir. Gwenola est entourée de ses meilleures amies qui ont pris leurs vélos pour nous accompagner. Steven retrouve ses collègues qui ont bien du mal à suivre notre rythme sur leurs vtt. Les familles sont là pour encourager leur favoris. Chacun d’entre nous ressent beaucoup l’émotion et le respect que tous nos proches nous témoignent. Il est temps pour Bertrand et moi de déterminer la stratégie pour le retour et de donner l’heure de rendez vous à Guipavas devant le Triskell. Un temps de repos On a décidé que l’on ferait cinq heures d’arrêt en tout. On laisse à chacun le soin d’organiser son laps de temps. Ce sera donc un départ, le plaisir entre les jambes à 01H15 mardi matin devant mon camp de base du Triskell à Guipavas. Mais au pointage ce n’est pas finit. A Brest, notre club est chargé de valider nos carnets de route et c’est avec un réel plaisir que nous les laissons nous accueillir chaleureusement. Pour l’instant, on a porté haut les couleurs du club et on sent dans leurs regards qu’ils sont fiers et heureux pour nous. Je laisse Gwenola à ses émotions et à ses proches, je l’ai félicité pour le travail accompli et je la rassure pour la suite du parcours. Je ne suis pas inquiet pour elle, je sais qu’elle a les capacités pour aller au bout. Je compte sur elle pour être au rendez-vous dans quelques heures. Il ne faut pas trainer maintenant au point de contrôle. Cinq heures c’est court et long à la fois. Il y a plein de choses à faire comme manger, se doucher, recharger les lumières, les batteries et les GPS et surtout dormir pour récupérer. Je file rapidement au camp de base le triskell de Guipavas. Certains amis m’attendent et c’est le seul endroit où je pourrais leur accorder quelques instants. J’ai aussi demandé à Fred du Chantaco de me préparer un plat de pates avec du goût. J’aurais le droit à une cocotte minutes de coquillettes aux poulets olives romarin. Un vrai délice !!! Le Chantaco me soulage de la corvée de me préparer à manger chez moi, surtout que je n’ai plus beaucoup d’affaires, je les avais amené à Paris pour l’équipe. Je bois deux bières avec Jean-Paul qui a un peu de mal à se remettre de la victoire de la veille de son club de cœur, le stade Rennais qui a battu le PSG le dimanche soir. Merci les gars pour accueil, c’est très apprécié… Je rentre rapidement chez moi avec ma cocotte sous le bras, j’en mangerais encore tout a l’heure avant de repartir. Je prends une bonne douche, je charge mes appareils et je règle mon réveil. J’ai un peu de temps pour échanger sur les réseaux sociaux et j’inscris mon plan horaire prévisionnel pour le chemin retour. Je compte jusqu’à trois. Un, deux et je ne me souviens pas avoir dit trois. 0h44 je consulte mon téléphone, j’ai une minute d’avance sur la sonnerie de l’alarme. J’attend tranquillement qu’il sonne. Bien joué Jeff !!! Pour une fois que tu réussis ton réveil. Deux minutes avant le départ, je me présente au rendez-vous fixé. Tout le monde est là, même Gwenola qui m’avait envoyé un texto quelques heures plus tôt m’interrogeant précisément sur l’heure du rendez-vous. Depuis quelques semaines, elle nous parle d’un plan B. Je n’aimais pas trop cela parce que cela veut dire qu’elle ne croyait pas au plan A. Mais je la comprends, elle ne voulait pas nous ralentir et nous empêcher d’atteindre nos objectifs personnels. Seulement moi, la performance du mon temps de parcours n’est pas le plus important. Je préfère ramener tout le monde à bon port, plutôt que de battre un chrono. Toutefois, j’ai autorisé Gwenola à embarquer son plan B avec nous. Agnès et Pascal vont l’assister avec leur camping car. Cela va lui faciliter sa logistique, son confort et son moral. Cela me coûte un peu. Je sais qu’un véhicule suiveur complique les arrêts au point de contrôle mais je le fais pour elle, pour améliorer son confort moral et physique. On a aussi un nouvel arrivant dans le peloton. Pierrick, un sympathisant de notre club qui est licencié à Fouesnant abandonne son aventure à Brest pour des problèmes d’assimilations alimentaires. Il nous demande si on peut accepter avec nous son collègue Michel. Evidement, on accepte mais il va falloir qu’il se plie à la discipline du groupe. C’est à lui de s’adapter à nous et pas l’inverse. Le chemin du retour A 1H15 mardi matin, tout le monde est prêt à repartir. En sortie d’entrainement, je mets 1H50 pour monter à l’antenne. Aujourd’hui on mettra deux heures seulement pour atteindre le point culminant de la Bretagne et de notre parcours. On est tout de suite dans le rythme et je ne sens pas mes équipiers piocher pour cette remise en route. On se permet même une pause rapide dans le bourg de Sizun pour ajuster nos équipements. Personnellement, je suis toujours en meilleure forme en deuxième journée sur le paris Brest. Le rythme est moins tendu mais l’effort est toujours aussi soutenu. Je suis confiant sur le reste du parcours. Tout le monde à l’air bien mais je passe beaucoup de temps à replacer notre Fouesnantais, Michel, qui a du mal à rester dans les roues. Il est toujours en décalage et je veux éviter les écarts qui pourraient causer des chutes. Michel, si tu n’arrives pas à rester 20 cm derrière une roue, prends 10 cm de plus en distance de sécurité. Mais reste à l’abri !!! Je sens que j’en ai pas finis avec lui ! Il est 4h45 quand on se fait détecter à Carhaix. C’est le rush au lycée du Poher. Il y a du monde partout, même prendre un simple café, c’est compliqué. On ne va pas s’éterniser ici, on repart rapidement après le remplissage des bidons. Pour les besoins naturels, il y a toujours la pampa. On ne perdra pas un quart d’heure à faire la queue pour boire un café ou faire caca. On s’en doutait, le gros du peloton des 90h est dans la place. Nous, on continue vers Saint-Nicolas-du-Pélem. On a roule à 22 km/h sur la partie la plus accidenté du parcours. On la parcourt de nuit donc on ressent moins les bosses. C’est l’humidité que l’on ressent maintenant et au contrôle secret de St Nicolas, on retrouve encore beaucoup de monde. Pascal et Agnès qui sont dans le camping-car se proposent de nous offrir un café pour nous réchauffer mais c’est compliqué de se coordonner et de trouver un endroit où s’arrêter. C’est pour cela que je n’aime pas avoir de véhicule d’assistance. On se retrouvera au prochain village mais je connais bien le coin, je sais que les bourgs sont très éloignés les uns des autres. On passe dans la campagne du sud des Cotes d’Armor. C’est très vallonnées et on roule dans l’humidité. Le brouillard ne veut pas se lever. C’est finalement en haut de Corlay que l’on pourra faire une pause café avec une collation crêpes confitures. Cela fait un bien fou à tout le monde. Il n’y a pas de vent, et malgré le jour et le soleil qui se lève, on stagne dans le brouillard. On va attendre qu’heol nous réchauffe et dès la sortie de Corlay, nous voila moins transit par le froid. Pour éviter de croiser les randonneurs qui sont sur le chemin aller, les organisateurs nous ont concocté un nouvel itinéraire entre Corlay et Loudéac. Et ils n’ont pas lésiné sur les difficultés. C’est bien simple, il n’y a rien de plat. On va chercher Saint-Mayeux sur les contreforts de Mur-de-Bretagne pour ensuite prendre la route vers Le Quillio, Saint-Thélo et Trévé. Les bosses se succèdent les unes après les autres. On entend chanter les dérailleurs, c’est difficile pour portion de parcours mais déjà le soleil et les pentes nous réchauffent. J’avais prévu une arrivée pour midi à Loudéac, on y sera à 9h30. On a 2H30 d’avance sur le plan et tout le monde est en forme dans le groupe. Cela commence à sentir bon parce que je sais que les plus grandes difficultés sont derrière nous. On n’est pas fatigué, on a une longue journée de soleil devant nous sans vents significatifs et les fusées du groupe sont chargées à bloc. On s’octroie une rapide collation au self de Loudéac. Je continue mon régime Marco avec une bonne bière. Olivier, mon pote d’enfance me recharge mes lumières pour anticiper la prochaine nuit. Tout le groupe est soudé et j’espère pouvoir garder mes solides partenaires jusqu’à Villaines-la-Juhel. En route vers Paris On a de moins en moins de problèmes pour faire respecter les horaires de départs. Chacun prend la mesure de l’importance de respecter le groupe. La prochaine étape est roulante. Sezny, Bruno, Guillaume, Steven, Ronan et évidement Bertrand et Maxime font un boulot extraordinaire. Chacun est généreux dans l’effort. Les relais sont appuyés. On arrive même à distinguer quand Maxime et Bertrand sont en-tête de groupe. Ils nous tendent le string. Pour ma part, je garde mon rôle de capitaine pour réguler l’allure et je dois bien vous avouer que je saute de temps en temps des relais pour garder de la fraicheur et de la lucidité. Je veille aussi beaucoup à ce que Gwenola ne grille pas ses cartouches, donc ses relais sont pour l’instant au plus courts. Guillaume que nous ne connaissions pas et qui a moins de 3000 kilomètres au compteur nous impressionne par sa puissance, sa régularité et sa constance dans l’effort. Maxime, Bertrand et Steven sont largement au dessus du lot. Ils vont nous apporter beaucoup jusqu’à ce qu’on décide de les laisser partir devant chercher leur perf. Mais on a encore le temps de profiter de leur puissance. La montée de l’antenne de Becherel s’est faite tranquillement et après c’est tout en descente jusqu’à Tinténiac. Chacun a pu se rendre compte de la distance que l’on a parcouru la veille dans l’incident de la crêpe. Il est 13H37 quand on pointe à Tinteniac. On a roulé à 26 de moyenne depuis Loudéac. On est en pleine forme. Ce n’est pas le cas de Philippe Le Gall, un licencié du CC Guipavas qui souffre des cervicales. Il ne peut plus tenir sa tête naturellement. Il est obligé de poser sa main sous son menton. Cela va être dure jusqu’à la fin pour lui. Mais comme je suis généreux dans l’effort et dans la solidarité, je sors de ma sacoche de selle, un tour de cou en mousse qui va l’aider un peu mieux à tenir son occiput élevé. Il se permet même de rester à l’abri dans nos roues jusqu’à la prochaine étape. Il ne prendra aucun relais bien sur. A Tinteniac, on a voulu goûter des galettes saucisses. C’est un scandale de livrer une telle marchandise. Les galettes sont froides, trop épaisses et il n’y a même pas de moutarde pour les accompagner. La saucisse était correcte et je l’ai mangé avec du pain. En mangeant la galette, tu te replâtrais l’estomac au complet et tu allais mettre dix heures à la digérer. Heureusement aucun de nous n’a fini sa galette. On n’en veut pas aux bénévoles qui partout ont été extraordinaire de générosités et d’attentions à nos égards. On ne perd donc pas trop de temps à Tinteniac, on reste moins de 25 minutes. On sent que certains d’entre nous ont besoin de se reposer sur un banc. Mais il n’y a pas de remplaçant dans l’équipe, tout le monde doit jouer son rôle sur le terrain. La prochaine étape est l’une des plus courte et une des plus facile au niveau dénivelé. Elle nous conduit à Fougères, à la porte de sortie de la Bretagne. On y pointe à 16H16. On a quatre heures d’avances sur mes prévisions horaires. Je suis de plus en plus confiant sur la réussite de notre aventure. Il nous reste moins de 24 heures et environ 300 kilomètres pour arriver sous la barre des 70 heures qui est notre objectif. On a large de quoi rentrer sans taper dans nos réserves. Maxime à la surprise de croiser la mère de sa copine sur le parc à vélo du pointage de Fougères. Heureusement qu’il n’est pas parti avec quelqu’un d’autre en vacances au lieu de faire le PBP, parce que belle-maman surveille !!!! Non ce n’est pas son intention, elle veut juste venir nous encourager. Bien évidement, comme à notre habitude. Nous annonçons notre intention de se restaurer et notre heure de départ. Ce sera un arrêt de moins d’une heure. Bruno et Ronan profitent de cette instant pour aller faire régler leurs dérailleurs qui chantent un peu faux ces derniers kilomètres. Bruno ne prend pas le temps de venir se restaurer, il ne fait pas trop confiance aux deux petits jeunes qui tiennent le stand du vélociste. C’est une toute autre stratégie pour Ronan qui lui vient manger avec nous pendant que les deux apprentis mécanos lui démontent toute sa câblerie de dérailleur. Catastrophe !!! On ne vous a jamais demandé de tout démonter !!! Bruno ne sait peut être pas restaurer mais il est a l’heure au top départ. Par contre, c’est trop tard pour Ronan. Je n’ai pas d’engagement formel avec lui. Il doit s’adapter à notre groupe, on ne l’attend pas. L’heure, c’est l’heure !!! tant pis pour lui. Il y en a un autre qui n’est pas au rendez vous, c’est Michel. Ce n’est pas grave non plus, il ne nous manquera pas. On a eu raison de se restaurer. Je sais que les deux prochaines étapes seront difficiles. Il faut déjà sortir de la cuvette de Fougères. Cela grimpe jusqu’à Gorron. Et ensuite on traversera les Alpes Mancelles et les coteaux du Perche. Et bizarrement, les bosses sont plus difficiles au retour qu’à aller. Je fournis des barres énergétiques et des pâtes de fruits à Bruno, j’ai peur qu’il accuse le coup de son non-approvisionnement. Pour l’instant ca va bien pour lui. Il y en a d’autres pour qui cela va bien. Bertrand, Maxime et Steven sont des machines. Ils sont puissants et ils nous font du très bon boulot devant. Ils sont généreux dans leur relais. Ils nous mettent à l’abri. Guillaume est pas mal aussi ainsi que Bruno, mais on sent que c’est un ton en-dessous. Il a pris un coup de chaud cet après-midi. Gwenola et Sezny ne brulent pas leur réservoir et moi je les accompagne dans la gestion du retour jusqu’à Rambouillet. On est super bien dans les temps, il n’y a aucune raison de s’affoler. On se dirige vers nos objectifs. A chaque fois que je croise Bertrand, on échange un regard, quelques mots. On élabore notre stratégie. On est les leaders de l’équipe. Il me fait rire parce que l’on voit que cela cogite sous son casque. On roule ensemble mais il a aussi ses propres objectifs et on n’a pas le droit de l’empêcher de les atteindre. Les Kerebel ont été tellement précieux pour nous que l’on se doit de les laisser partir. A Lassay-le-Château, il m’annoncent qu’ils partent. Evidement Bertrand, Maxime et Steven font partie de l’échappée. J’ai un peu plus de doute sur les capacités de Bruno et Guillaume à suivre le rythme soutenu auquel ils se préparent sur la suite du parcours. Il y a devant nous de gros dénivelés vers Villaine et jusqu’à Mortagne et au-delà. Ils partent tous les cinq. Un jeune concurrent du concours de belles machines se trouve à nos cotés à ce moment là. C’est le pilote des cycles Victoire. Il a l’air costaud aussi, il les accompagne également. Et voila comme prévu sur le plan initiale, le G8 se scinde en deux. Cinq membres sont dans l’échappée et trois par la suite, Gwenola, Sezny et moi. On ne reste pas tout seul, notre rythme de croisière correspond à l’allure générale et de nombreux randonneurs apprécient notre rythme de progression. Il y a des américains, des allemands, des anglais mais on verra très peu d’asiatiques nous accompagner. Ils sont loin derrières nous. Moins de 500 randonneurs pointent avant nous, il y en a environ 6000 derrières. Les Alpes Mancelles se font sentir. On roule dans la campagne. On n’a pas beaucoup de repères. Il est souvent difficile d’estimer les kilomètres qui nous restent avant le prochain point de contrôle. On arrive avant la tombée du jour au fameux contrôle de Villaines-la-Juhel. Il est 21h04 à notre pointage. Après un bon repas, on va repartir pour la prochaine étape et on se prendra du temps de sommeil à Mortagne-au-Perche pour la fin de nuit, au moment où les températures seront plus fraiches. L’ambiance dans le village de Villaine est toujours un moment unique à vivre. Tout le village est présent, ils sont 5000. Et ils veulent tous nous offrir leur meilleur accueil. Au réfectoire, les enfants du village nous portent les plateaux jusqu’à nos tables. Tout le monde est aux petits soins pour nous. On est très peu de randonneurs à se restaurer mais la salle est pleine comme un poulailler. Ca piaille de partout. Amis de Villaines, pour la prochaine édition du PBP, au repas du mardi soir, trouver nous une petite salle pour la vingtaine de randonneurs qui mangent et gardez-vous la grande salle pour vous. Ce sera parfait. A l’arrivée au pointage, on a retrouvé Bruno qui a préféré ne pas suivre le rythme de furieux de nos fusées. Il a été sage et il est arrivé avec Michel de Fouesnant, cinq minutes avant nous. On égalise donc à quatre partout. C’est l’équilibre des forces. On est tous content de retrouver Bruno. On s’accorde une heure et demie de repos. On est à l’aise dans nos horaires, on ne va pas se bruler maintenant. Et je sais que la prochaine portion de parcours est copieuse. Michel mange aussi avec nous et je ne comprends rien à ses explications. C’est simple, il ne comprend rien et je ne comprends rien à ce qu’il dit. J’ai fais une erreur au ravitaillement de Villaine. Au réfectoire, j’ai tout de suite vu la belle cuisse de poulet grillé dans la norvégienne. « Et avec cela, Monsieur, un peu de paella ?? » Bien sur, vas-y, goinfre-toi !!! J’ai tout mangé avec appétit mais je n’ai pas mis longtemps à tout ressortir par les voies naturelles. Et surtout, j’ai mis du temps à le digérer. On perd beaucoup d’énergie à digérer une alimentation trop copieuse.. La prochaine étape qui nous amène au couchage de Mortagne est vallonnée et longue de plus de 85 kilomètres. On aura le droit à de longues lignes droites interminables pour rejoindre Mamers. Notre moyenne kilométrique chute drastiquement à 20 km/h. Je n’ai plus beaucoup d’énergie pour gérer mon petit groupe mais au milieu de la nuit, il y a beaucoup moins de trafic. Je suis beaucoup plus tolérant à ce que nous soyons éparpillés façon puzzle sur la largeur de la route. Je somnole en roulant et je suis bien content de trouver un stand clandestin au bord de la route. Un père de famille avec ses deux fils nous propose du café et des gâteaux. Tous le monde s’arrête dix minutes. Ils nous faut reprendre tranquillement de l’énergie. C’est le premier arrêt sauvage que l’on s’accorde mais cela fait du bien aussi de vivre une telle expérience que seul le PBP peux nous offrir. Sezny n’est pas trop mal, Gwenola ne se plaint pas, Bruno ne veut plus prendre de relais mais il est très attentionné pour être toujours se placer devant notre maillot rose et la mettre à l’abri. On va réussir à atteindre Mortagne, c’est sur !! mais c’est long, c’est interminable. Sezny à tellement hâte de se coucher qu’il accélère dans la dernière grande bosse avant d’atteindre la ville de Mortagne-au-Perche. Je suis sur que Sezny auras un des meilleur temps pour la montée. En tout cas Sezny a largement devancé Bruno dans cette ascension, c’est assez rare pour le signaler. A 2h50, on pointe à Mortagne au Perche, on est à l’image de nos lumières : épuisés !! Il nous reste 110 kilomètres pour atteindre Rambouillet et toute arrivée avant 15 heures nous mets sous l’objectif des 70 heures. Je propose donc un départ de Mortagne à la lumière du jour à 7h00. On ne gèrera plus nos éclairages. Je vais boire un coup avec Patrice de St Renan qui nous accompagne depuis le début de la nuit. Les autres vont directement se coucher au dortoir. Le dortoir de Mortagne est aussi une belle expérience à vivre. On est une quinzaine de randonneurs à dormir mais c’est déjà « bienvenue en Petocratie ». Ca ronfle, ça pete, ça gémît mais on se repose quand même sur un matelas de fortune et une couverture. La dernière ligne droite 6h20 c’est le réveil de l’escadrille, le temps de prendre un petit déjeuner et c’est reparti. On retrouve au réfectoire Guillaume qui a préféré laisser partir nos champions. On récupère un bon élément. On est cinq maintenant contre trois à l’avant. Nous sommes repartis. Je reforme le groupe avec les éléments qui veulent se joindre à nous. Bernard Maguer, un des amis des mercredis de Landerneau, un Carhaisien et un autre de Mael-Carhaix nous accompagnent. Ils vont être de très bons éléments, ils remplacent allègrement nos fusées, ils savent bien rouler dans l’alignement et ils s’intègrent parfaitement à notre groupe. Il y a trente kilomètres difficiles jusqu’à Neuilly/Eure. Il faut sortir du Perche pour atteindre les plaines de la Beauce. Une fois sur le plat, je redynamise mon équipe pour tenter d’atteindre l’arrivée avant midi à Rambouillet. On est tonique sur les relais et notre vitesse de progression est très bonne. Personne dans le groupe ne rencontre de difficultés majeures qu’il l’empêche de suivre le rythme. Je laisse même à Gwenola la liberté de tenir ses relais et elle n’est pas avare d’efforts. Tout le monde donne son meilleur, sauf Michel. Il a cassé un rayon sur sa roue carbone et je ne peux rien faire pour la réparer. Les écrous de rayons sont à l’intérieure de la jante. On a juste fixé son rayon cassé aux autres pour éviter qu’il ne fasse plus de dégâts. Je l’autorise à rester à l’abri à l’arrière de notre groupe et à ne prendre aucun relais. Son vélo et sa roue ne sont pas faits pour la longue distance et son voilage est très important. Sa jante touche un patin de freins. Il fallait arriver à Dreux sur les coups de 10h00 du matin pour espérer finir notre randonnées avant midi. Dès que j’ai su que ce n’était pas possible, je fais relever le rythme. Que l’on finisse en 66 ou 69 heures, cela à peu d’importance. On demeure sous notre objectif initial de 70 heures. On pointe au stade d’athlétisme de Dreux à 10H24. Il nous reste maintenant 44 kilomètres relativement plat si on exclus la sortie de la ville de Dreux. Tout le monde a le sourire et est relativement en forme après plus de 1150 kilomètres de randonnées. Il y en a un qui ne nous a pas attendu et qui a préféré partir avant de Dreux, c’est Michel de Fouesnant. C’est vrai qu’il a son rayon cassé sur sa roue arrière, on devrait donc le rattraper. On a tartiné pour rentrer, je me suis fais des relais appuyés sur les longues lignes droites. On a tous travaillé dans le groupe mais on ne l’a jamais rattrapé. On profite, on savoure les derniers kilomètres de notre randonnée. On rentre dans la foret de Rambouillet, cela sent l’écurie ou plutôt la Bergerie Nationale de Rambouillet. Il est vrai que c’est très agréable de finir un PBP sans rentrer dans l’urbanité de la région parisienne mais dés les grilles du parc d’arrivée passées, on roule sur des pavées de 400 ans sur plus de 500 mètres. Merci les vibrations !!! Beaucoup on dû souffrir le martyre en bouclant leur périple de cette manière. Ce ne fut pas notre cas puisque tout le monde dans notre équipe rentre avec le sourire et la satisfaction d’avoir accompli une belle randonnée. C’est les cinq réunis, les uns à coté des autres que nous passons la ligne d’arrivée ensemble. Et Bertrand ne loupe pas l’occasion d’immortaliser l’instant par une photo. On a réussi notre Paris Brest Paris avec la manière et le sourire en 67h43!! Personnellement, j’améliore mon meilleur temps de plus de 7 heures. Nos champions éclaireurs que sont Bertrand Maxime et Steven eux finissent en 62h34. Cela leur a même permis de dormir un peu à l’arrivée pour assurer notre retour comme chauffeur des voitures sur Brest. Et cerise sur le gâteau du Paris Brest Paris, j’ai eu l’immense privilège de me faire remettre la médaille de finisseur par ma tendre amie Josette. Un voila un moment inoubliable !!! Je suis très content de nos temps mais c’est surtout l’arrivée complète de notre équipe dans les meilleures conditions qui est pour moi ma plus grande victoire. Ce PBP fut une expérience collective très riche sportivement et humainement. Les membres du G8 de Guipavas sont liés à vie maintenant à cette aventure collective. Je pense que nous ne l’oublierons jamais. On félicite tous les participants, les organisateurs, les bénévoles et les admirateurs de cette magnifique aventure qu’est le Paris-Brest-Paris et on se donne rendez-vous, le plaisir entre les jambes en 2023 !!!
Le montage photo du groupe sur YouTube (merci Noel) https://www.youtube.com/watch?v=hKZtvLi9Iko&t=176s Les membres du G8 Sezny Gueguen E164 Bertrand Kerebel E134 Maxime Kerebel E103 Guillaume Leboeuf E196 Bruno Le Saos E133 Steven Liourzou E197 Gwenola Morizur E160 Jean François Le Strat E104 jeanfrancois.lestrat@sfr.fr 0777251752 Text Document (Pages)
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